De jardin en jardin, les clous nous indiquent l’itinéraire à suivre, avec la place Abbatucci pour point de départ et d’arrivée (durée : 2h30).
Départ
Entre nous, ce sera Vauban !
Moi, Sébastien Le Prestre de Vauban – entre nous ce sera Vauban – je vous invite à découvrir l’Histoire de Huningue. Celle bien sûr de la place forte que j’ai conçue en 1679, suivant la volonté de Louis XIV qui voulait pour nos frontières une ceinture de fer.Celle aussi du développement de la ville après 1815, suite au démantèlement sur exigence de Bâle de ses remparts trop menaçants.Et puis, et puis… Vous savez garder un secret ? Alors sachez que l’ingénierie militaire, ce n’était pas mon unique passion. Imaginez, petit je voulais être jardinier.
Vous ne me croyez pas ? Suivez-moi : je vais vous montrer, le temps d’une belle balade au cœur de Huningue, tout mon génie de la botanique, du fleurissement, et même de l’écologie.

Histoire
Dans les traces de Vauban
Inaugurée le 26 août 1681 au lendemain de trois années de travaux seulement, la place forte de Huningue est renforcée de 1684 à 1687 par la construction d’une tête de pont sur la rive droite du Rhin et d’un ouvrage à cornes sur l’île des Cordonniers.
Conséquence de l’accord de paix de Ryswick, ces derniers sont démolis en 1698. La place forte résiste à trois sièges avant d’être elle aussi démantelée après les défaites napoléoniennes, en 1815, en vertu d’une clause du Traité de Paris exigée par Bâle. Ainsi « les fortifications de Huningue ont été rasées sans pouvoir être rétablies, ni remplacées par d’autres ouvrages à une distance moindre de trois lieues de Bâle. »
Des remparts édifiés par Vauban à partir de 1679, il ne reste donc plus rien, ou presque. La place Abbatucci, autrefois place d’armes, l’église de garnison ou encore l’ancien logement de l’intendance, qui abrite aujourd’hui le musée d’histoire locale, sont néanmoins autant d’héritages d’une époque dont les héros ont pour noms Abbatucci, Chancel ou encore Barbanègre.
Pour l’œil avisé, bien d’autres caractéristiques révèlent l’ancienne place forte et le long passé militaire de Huningue dont le circuit « Et si Vauban avait été jardinier » retrace les grandes étapes.
Armoiries royales
Les trois fleurs de lys et trois couronnes d’or des armoiries de Huningue rappellent que la ville a été construite sur les ordres de Louis XIV, venu ici à deux reprises, comme ville royale et véritable verrou militaire pour l’Alsace nouvellement française.

2 / Place Abbatucci
Auprès de mon arbre
« Tilleuls : garde à vous ! » Là, c’est le maréchal qui parle. Celui pour qui une place d’armes a vocation à recevoir des soldats, rien que des soldats. Pas des arbres. Mais la garnison n’est plus. La parole est donc à Vauban le jardinier : feu la place d’armes et place aux arbres !
Grâce à l’élégante rénovation de 2013, la place Abbatucci est ainsi couronnée d’une nouvelle génération de tilleuls, fidèle à son image depuis le départ de la garnison au 19e siècle.
Clin d’œil à l’Histoire, c’est en Allemagne que j’ai choisi ces tilleuls Tilia cordata ‘Rancho’, une variété à floraison estivale adaptée à un environnement urbain. Et s’ils nous commandent de marquer le pas, ce n’est que pour mieux profiter de l’ombrage et pourquoi pas s’asseoir sur un banc à imaginer ce qu’était ici une revue militaire. Repos !

Histoire
Sébastien le Prestre marquis de Vauban
Maréchal de France, Sébastien Le Prestre marquis de Vauban (1633-1707), dit Vauban, est célèbre pour ses talents d’architecte et d’ingénieur militaire, d’urbaniste ou encore d’hydraulicien.
Moins pour ses qualités humaines qui cependant n’échappent pas à Voltaire, lequel l’apprécie aussi comme étant « le meilleur des citoyens, le seul peut-être qui aimât l’État mieux que lui-même. »
« J’aimerais mieux avoir conservé cent soldats à votre majesté que d’en avoir ôté mille à l’ennemi. » Vauban à Louis XIV.
Huningue, modèle d’ingénierie militaire
Alerté des mouvements pressants de troupes ennemies dans la région bâloise, Louis XIV ordonne en 1679 de construire une enceinte défensive à Huningue afin de protéger la France de l’envahisseur.
Le projet est confié à Vauban, qui conçoit une fortification en forme de pentagone – avec cinq bastions et une tête de pont sur le Rhin – permettant de recevoir une garnison de 3500 hommes.
Lancé en 1679 sous la direction de l’ingénieur Launois, le chantier est marqué par la visite du Roi en 1681 et s’achève déjà dans ses grandes lignes l’année suivante !
Vauban affirme alors que « la place forte de Huningue est à peu de chose près une des plus parfaites du royaume (…) et estime que sa garnison succombera plutôt par les fatigues de sa défense que par le défaut de sa fortification. »
De fait, malgré trois sièges en 1796, 1814 et 1815, jamais ses fortifications ne seront prises en défaut jusqu’à leur démantèlement.

3 / Jardin du musée
Ce jardin est “Le Nôtre”
L’un et l’autre avions les bonnes grâces du Roi ! Ce cher André Le Nôtre en tant que dessinateur de ses parcs et jardins, notamment à Versailles. Moi comme grand défenseur des frontières du royaume sur lesquelles j’ai construit ou remanié tant de places fortes. Ah, quel dommage que nos talents n’aient jamais rencontré projet commun alors que nous partageons le même souci du détail, le même intérêt pour les formes géométriques !
Le fruit de notre complicité aurait pu être ce Jardin du musée dont la symétrie des parterres, les allées anguleuses et l’ornementation végétale s’inspirent d’un jardin à la française.
De l’allée principale ou du porche, ou encore de l’une des alcôves que j’ai imaginées pour ma sieste, ce petit havre de quiétude au cœur de la ville dévoile de jolies perspectives. Excellent pour le moral des troupes, non ?

Histoire
Scènes de vie
La place forte de Huningue compte à la fin du 17e jusqu’à trois mille âmes. Elle s’organise autour des différents métiers nécessaires à son activité, et de classes sociales bien établies.
Boucher, tailleur, cordonnier, perruquier, tapissier-brodeur… : le quotidien d’un maître-artisan n’est certes pas celui d’un notaire ou d’un chirurgien mais reste enviable. Comme celui d’ailleurs des cabaretiers, les soldats buvant leur solde dans les estaminets pour tromper l’ennui, quand ils ne passent pas la frontière pour enseigner le maniement des armes ou la musique.
La plus ancienne association bâloise de fifres est ainsi d’origine huninguoise !
Tandis que la garnison fait vivre la cité, les ouvriers eux y survivent, exerçant pour le compte de maîtres-artisans les tâches les plus pénibles, en tant que garçons de boutique, maçons, jardiniers…

Musée historique et militaire
Installé dans l’ancienne demeure de l’intendant de la place et du commissaire des guerres, le musée de Huningue abrite entre autres une belle collection de maquettes, plans, gravures, portraits, lettres patentes, retraçant l’histoire trois fois séculaire de l’un des chefs-d’œuvre de Vauban, de ses trois sièges et de ses vaillants défenseurs.
Ouvert le 1er et le 3e dimanche du mois de 14h30 à 17h30
Fermé les jours fériés et en août
Visite de groupe avec guide en français ou allemand sur réservation :
03 89 89 33 94
4 / Pépinière du Roi
L’arbre soldat
Je vous le dis sans remords : mettre du végétal pour faire joli ne m’a jamais effleuré l’esprit quand j’ai conçu la place forte au 17e siècle ! Ma seule obsession est alors de faire utile afin de subvenir aux besoins des hommes, et de favoriser la défense et la riposte quand les canons ennemis viennent à gronder. Mais déjà la nature est mon alliée…
Ainsi les arbres entourant les fortifications forment un premier bouclier contre les projectiles, tout en produisant du bois pour la construction, la chauffe ou encore la vannerie.
Sans regrets non plus car aussitôt les murs tombés, l’arbre est entré dans la ville. Et plus encore aujourd’hui, grâce à l’idée de ponctuer de mille arbres un nouvel espace public allant des berges du Rhin à la place Abbatucci.
Un espace pacifié où l’arbre assure la relève du soldat, un espace magnifié où la garnison devient Pépinière du Roi !
Histoire
Autour de la tête de pont
Vers 1680, les rumeurs d’un projet de coalition des puissances européennes inquiètent l’état-major à Versailles. Le Roi ordonne de renforcer la ceinture des fortifications autour du royaume.
Estimant que l’enceinte de Huningue n’est plus assez sûre, Vauban entreprend la construction d’un pont et d’une tête de pont pour rendre la forteresse plus défensive.
Les ouvriers se mettent à l’ouvrage en 1684 sur la rive gauche de l’île des Cordonniers, puis en 1686 sur la rive droite.
Fin 1697, le traité de Ryswick signé entre Louis XIV et le Saint-Empire romain germanique installe la paix pour près d’un siècle dans la région mais stipule la démolition des ouvrages en rive droite de l’île des Cordonniers et du pont.
L’histoire des ponts de Huningue
Après la démolition de celui construit par Vauban, un nouveau pont permet en 1702 au duc de Villars, futur Maréchal de France, de franchir le Rhin pour aller gagner bataille à Friedlingen contre les troupes impériales. Ce pont s’effondre deux ans plus tard. Les ponts de bateaux arrimés en 1721, 1742, 1746 et 1796 ne tiennent guère plus longtemps
D’un pont à bateaux à l’autre
Il faut attendre 1843, suite à un accord entre le grand-duché et la France pour qu’entre en fonction le pont volant à péage de Huningue : il se compose de deux amorces de 60 mètres partant de chaque rive entre lesquelles navigue une portière faisant fonction de bac. L’ensemble est démonté en 1870 lorsqu’éclate la guerre franco-allemande.
Après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, le pays de Bade est relié au Reichsland Elsass-Lothringen par dix ponts à bateaux, dont le plus au sud à Huningue. Il continue à fonctionner pendant la première guerre mondiale et l’entre-deux guerres. Démonté en 1939, il est reconstruit par les Allemands dès 1940. Fragilisé par les effets des bombardements de la Royale Air Force, il est emporté par une crue en 1944.
Le bac
Après la seconde guerre mondiale, un bac est mis en service entre Huningue et Weil am Rhein, qui se révèle incapable d’absorber un trafic toujours accru. Le pont du Palmrain le remplace plus en aval en 1979.
La passerelle des Trois Pays
En lieu et place de ces ponts depuis le 12 novembre 2006, la passerelle des Trois Pays enjambe le Rhin d’une portée unique de 238 mètres. Conçu par Feichtinger Architectes, cet ouvrage asymétrique en arc, construit en acier, a remporté des prix de renom, tels que le prix allemand des Ponts & Passerelles et la plus haute distinction internationale, la médaille Arthur G. Hayden.




5 / Jardin des oiseaux
Bâle à vol d’oiseau
Pensez qu’au 17e siècle, Huningue avait gravé dans la fonte de ses canons « Bâle si tu bouges, je te brûle ! » Et que repliée dans ses fortifications, la cité n’avait vraiment rien d’hospitalière…
Alors quel pied de nez au passé que ces piétons et cyclistes de toutes nationalités flânant ici ensemble, le long d’un fleuve qui aujourd’hui relie les villes et les hommes.
Source d’inspiration de bien des poètes, Le Rhin aussi m’émeut. Avec ses berges comme autrefois plantées de saules et autres végétaux hélophytes – les pieds dans l’eau, la tête au soleil –, il redevient le refuge des espèces endémiques de l’Île du Rhin, tels le chardonneret élégant, la grive musicienne ou encore la mésange charbonnière que j’ai aussi plaisir à observer dans les prairies fleuries à fauche tardive, leur copieux garde-manger, idéal pour la becquetée hivernale !

Histoire
Huningue en gage
Prêté sur gage à Bâle quelques années plus tôt par des Habsbourg désargentés, Huningue redevient autrichienne en 1623 quand l’archiduc Léopold fait fermement valoir ses droits à des Bâlois qui en revendiquent la propriété et n’entendent plus la rétrocéder.
Le remboursement du prêt et la promesse d’une compensation financière dissuadent toutefois les Suisses de prendre les armes.
Cédé en 1638 au banquier qui s’occupe de la paie et de l’approvisionnement des troupes impériales, Huningue devient la baronnie du Grand-Huningue. Cette cession vaudra à ce banquier de dédommager les héritiers de Jean Conrad de Flachslanden qui prouvent en être déjà propriétaires : l’archiduc Léopold avait déjà vendu Huningue à leur aïeul dès 1623 !
Les Bâlois tentent alors de récupérer Huningue, d’abord au titre de la compensation financière jamais versée, puis par la voie diplomatique. En vain.
La perte de ce territoire essentiel est alors considérée comme majeure car déjà se répand la rumeur de la construction de fortifications par Louis XIV…

6 / Jardin des vivaces
Le pouvoir des fleurs
En toute franchise, le jardin idéal je le rêvais un peu caméléon, avec d’autres fleurs, d’autres couleurs à chaque saison. Mais en jardinier avisé, à l’image des cent soldats que j’ai toujours préféré économiser à mon roi plutôt qu’en prendre mille à l’ennemi, je préfère aujourd’hui économiser l’environnement et les hommes plutôt qu’épuiser nos ressources par effet de mode.
Davantage qu’avec des plantes annuelles qui certes m’inspirent, mais avec parcimonie, je compose mes massifs de vivaces toutes aussi jolies, choisies parmi les plus sobres et durables.
De quoi résister à plus d’un siège des saisons, même les plus rudes !



Histoire
De la forteresse au canal : une nouvelle époque
À la fin du 17e siècle, Vauban pose déjà le principe d’un canal en Alsace, « un canal à côté du fleuve, coupé de sas et d’écluses, qui pourrait commencer à la sortie de l’avant-fossé de Huningue et continuer jusqu’à Strasbourg ».
L’intérêt d’un tronçon jusqu’à Mulhouse – le canal de Huningue – ne s’affirme cependant qu’avec le projet de canal du Rhône au Rhin, imaginé en 1744 par Claude-Quentin La Chiche, jeune officier du Corps royal du génie. Bien que la vocation de cet embranchement de 28,086 km soit de garantir l’alimentation du futur canal en soutien de la Largue et de l’Ill, il est d’emblée construit entre 1810 et 1833 au gabarit navigable et avec des écluses.
Il contribue alors à l’essor du port de Huningue, tout le trafic y naissant ou s’y arrêtant alors, faute de pouvoir encore franchir l’écluse du Rhin. Le halage est par la suite électrifié, mettant Strasbourg à quatre jours.
Le déclin de l’activité portuaire après la Deuxième guerre mondiale annonce le déclassement du canal à la navigation, qu’impose en 1961 la mise en service du raccordement Kembs-Niffer sur le grand canal d’Alsace.
Le canal de Huningue a depuis retrouvé sa fonction originelle d’alimentation en eau et gagné celle de corridor écologique innervant la trame verte de l’agglomération trinationale. La friche portuaire s’est elle métamorphosée en Parc des eaux vives, à la faveur d’une opération de requalification conclue en 1993.
Botanique
Éloge de la vivace
Dans les champs, les forêts, les étangs et de plus en plus de jardins ou de plantations urbaines, partout les vivaces nous entourent.
Le botaniste les qualifie de plantes pérennes, c’est-à-dire vivant plusieurs années, contrairement aux annuelles ou bisannuelles.
Plus précis, l’horticulteur reconnaît comme vivace une plante herbacée ou semi-ligneuse. Elle fructifie plusieurs fois dans sa vie, disparaît la plupart du temps l’hiver, mais sa souche persiste quelques années. La plante ne reste vivace que dans des conditions proches de celles de son pays d’origine.
En Alsace, le climat continental impose des espèces supportant à la fois l’hiver glacial et l’été caniculaire.
Le bonheur du jardinier
Quant au jardinier, les vivaces font déjà son bonheur en magnifiant longtemps ses bordures et massifs avec d’infinies combinaisons de teintes et de textures ! Elles lui évitent ensuite de sans cesse planter, traiter ou arroser, tout en favorisant grandement la biodiversité.

7 / Jardin mellifère
Vive la reine !
Infatigable voyageur, je connais les chemins cahoteux et les belles provinces du royaume jusqu’au moindre hameau. J’y ai hélas vu la misère, et parfois même la famine, en raison de récoltes épuisées, sinon par les aléas naturels, de toute façon par la ponction des seigneurs et du clergé, ou encore par les pillages en temps de guerre.
L’agriculture connaît de nos jours d’autres rendements et nourrit chez nous tout un chacun. On me dit visionnaire… Je n’ai pourtant jamais imaginé les abeilles, qui hier vibrionnaient dans nos campagnes, aujourd’hui s’y intoxiquer et prendre les villes pour refuge ! Car notre modèle de productivité connaît des revers, entre autres celui d’abuser des pesticides.
Porte-drapeau du petit peuple des insectes pollinisateurs, les abeilles excellent pour égrainer le pollen de fleur en fleur et garantir de la sorte nos ressources alimentaires. Les protéger du poison et sauvegarder leur environnement, voici une bataille d’intérêt général à ma mesure : le roi est mort, vive la reine !

Histoire
Vestige d’un bastion et de son cavalier, mirador de la forteresse
Élément essentiel des fortifications, le cavalier en renforce chaque bastion et permet de positionner l’artillerie en surplomb des murailles pour mieux contrebattre celle des assiégeants, sinon contrer leurs travaux d’approche.
Huningue compte un cavalier parmi les rares vestiges de sa place forte, celui qui dominait le bastion sud, avec le plateau de Saint-Louis, Bâle et les premiers contreforts jurassiens pour horizon ; et avec un verger ainsi qu’un rucher aujourd’hui en guise d’artillerie !

Botanique
Les vertus du verger
Emblématique des actions locales en faveur de la biodiversité, le verger de la butte Felder – dénomination usuelle de l’ancien cavalier de la forteresse qui domine le Parc des eaux vives – compte une vingtaine de poiriers, pommiers et autres arbres à fleurs.
Ces variétés anciennes ou indigènes ont été sélectionnées pour leur résistance et leur adaptation à la région afin de ne pas avoir à recourir à des traitements chimiques.
Avec la prairie fleurie et les ruches qui l’entourent, ce site école est un support pédagogique idéal pour s’exercer aux techniques d’arboriculture et d’apiculture.
8 / Frayères du Parc des eaux vives
Huningue ville d’eau
Que d’eau autour de Huningue à l’époque des fortifications ! De l’eau claire, coulant de Hégenheim par des canaux en bois, ou bien puisée dans la nappe phréatique, intarissable en cas de siège. Et bien sûr l’eau du fleuve, qui ruisselle jusque dans les marécages alentours. Propice au brouillard, cette eau-là est source d’humidité permanente et d’une atmosphère malsaine à l’intérieur des remparts où l’air circule mal. Elle provoque même des problèmes respiratoires et bien des fièvres.
Si l’eau est aujourd’hui toujours aussi présente à Huningue, c’est dans un environnement assaini qu’elle vitalise… jusqu’à ces jolies petites frayères du Parc des eaux vives qui me rappellent les marais d’hier !
Botanique
Une trame verte et bleue
Huningue s’implique fortement en faveur de la biodiversité par la mise en œuvre d’une trame verte et bleue, essentielle à la conservation, la restauration ou la création de continuités écologiques.
Les frayères du Parc des eaux vives répondent à cet objectif grâce à des banquettes de sédiments qui favorisent le frai piscicole – autrement dit la ponte – en permettant aux poissons de déposer leurs œufs sur les substrats ou la végétation qui les recouvrent. Ces banquettes participent aussi à la diversification des habitats et reconstituent une zone de transition entre la berge et l’eau, appréciée des oiseaux, des insectes et des batraciens. Leurs roseaux et autres plantes aquatiques non seulement filtrent les matières et permettent leur décantation, mais aussi assimilent nitrates et phosphore.


9 / Jardin des fontaines
Source d’inspiration
Fossés, canalisations souterraines… L’art de fortifier est aussi celui de penser des solutions hydrauliques, une science qui m’enthousiasme. Au point que je ne compte plus les études innovantes pour le percement de canaux ou l’élévation de digues, déversoirs, barrages et écluses, non seulement à des fins militaires, mais aussi pour développer les voies navigables de sorte à favoriser le commerce à l’intérieur du royaume.
Mais l’hydraulique est chose complexe, spécialement quand il s’est agi pour moi de soutenir l’alimentation en eau du château et du parc de Versailles en bâtissant le spectaculaire aqueduc de Maintenon, voulu par le Roi !
Rien de tel ici sinon quelques jolis jets d’eau, qui néanmoins révèlent ma passion pour la fontainerie et surtout font le bonheur des plus petits !
Histoire
Huningue, d’un port à l’autre
La mise en service du canal de Huningue et la présence de casernes désaffectées de l’ancienne place forte, facilement exploitables en entrepôts, donnent en 1816 l’idée d’un grand établissement portuaire capable d’attirer un commerce bâlois convoitant ce terminus.

Un bassin, une grue et une balance font cependant encore défaut en 1830, pourtant devenus nécessaires alors que la croissance des exportations vers l’Allemagne et la Suisse intensifie la manutention des marchandises et les contrôles douaniers.
L’activité croît encore à l’aube de la Première guerre mondiale grâce à des travaux d’amélioration du canal portant le gabarit des péniches de 200 à 300 tonnes. Le port atteint son apogée vers 1935 : jusqu’à 7 000 bateaux y transitent.
Mais cette prospérité reste éphémère, vite éteinte par la concurrence grandissante du chemin de fer et par l’aménagement de l’écluse n° 1, laquelle permet aux péniches de rejoindre Bâle qui privilégie son propre développement portuaire.
La création du nouveau port de commerce sur le grand canal d’Alsace et le déclassement du canal de Huningue à la navigation en 1961 en sonneront définitivement le glas.


10 / Pisciculture impériale de Huningue
Poisson fraie
Comme j’aurais aimé être de l’aventure de la première expérience de pisciculture ! De celle de l’établissement de Huningue qui a fait de l’art de l’élevage piscicole une science. J’aurais mis tout mon génie pour repeupler nos eaux de truites, saumons, ombres et autres poissons d’eau douce en les acheminant, sous la forme d’œufs fécondés prêts à éclore, par caisses entières dans tout le pays.
Et les plus beaux spécimens élevés dans l’eau pure de mes bassins se seraient retrouvés, non pas sur la table du Roi, mais sur celle d’une population française trop souvent mal nourrie !
Histoire
L’histoire de la pisciculture
C’est en 1852, sous le règne de Napoléon III, qu’est construite la pisciculture impériale de Huningue, sur le site de l’Au, au cœur de l’actuelle Petite Camargue alsacienne.
Première pisciculture industrielle d’Europe, elle y bénéficie à la fois de la qualité de l’eau de la nappe phréatique et de la proximité du Rhin et de ses affluents, à l’époque très poissonneux et qui vont fournir les millions d’œufs destinés au repeuplement impulsé par le gouvernement des cours d’eau de France et d’Europe.
La pisciculture participe de nos jours au repeuplement du Rhin dans le cadre d’un plan de réintroduction du saumon. 300 000 œufs de saumons de souches diverses y sont incubés chaque année tout comme un petit nombre de truites fario.

Botanique
La Petite Camargue alsacienne
Rare témoin de la jungle rhénane, les marais de l’Au sont devenus en 1982 la première réserve naturelle protégée d’Alsace, communément appelée Petite Camargue alsacienne depuis 1952.
La réserve s’étend sur 904 hectares et abrite un Centre d’Initiation à la Nature et à l’Environnement (CINE), la pisciculture « Saumon 2020 » ainsi qu’une station de recherche et de suivi d’espèces, avec pour partenaires l’université de Bâle et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Strasbourg.
11 / Jardins nourriciers
Légumes au carré
Du pain, d’épeautre ou de froment, du vin – en fait une piquette de l’année légère et acide ! – et du saumon, du brochet ou de l’anguille, pêchés alentour en abondance, constituaient jadis la base de la ration quotidienne d’un soldat à Huningue. De la viande était aussi au menu, assez bonne, de même que des légumes frais de qualité supérieure : pommes de terre, choux, pois, haricots, différentes espèces de navets…
Les petits carrés potagers que j’imagine aujourd’hui dans chaque jardin, sur chaque terrasse, bref dans chaque recoin de la ville, auraient encore amélioré l’ordinaire pour éviter toute carence nutritionnelle.
Car nous le savons maintenant, manger des légumes est un bienfait pour la santé, grâce à leurs micro-nutriments essentiels à notre organisme.
Histoire
Nourrir une garnison en temps de siège
Avant même la pénurie de vivres, la malnutrition est le premier ennemi d’une place forte assiégée puisqu’elle met en péril la santé des hommes destinés à la défendre. Tout bon stratège veille donc au bon état de son approvisionnement.

Les stocks de farine doivent ainsi longtemps garantir du pain frais. Biscuits, légumes secs ou fermentés, oignons, ail, graisse et huile, pommes de terre que l’on cultive déjà en grand dans toute l’Alsace, salaisons… ou encore animaux vivants sont aussi prévus en quantité suffisante pour la durée présumée d’un siège. L’intendant militaire et les officiers de santé contrôlent régulièrement la qualité de ces denrées afin de remplacer celles qui seraient avariées.
Assurée à Huningue par un intarissable puisage, l’eau est bien sûr essentielle. Autant que le vin et l’eau-de-vie, alors jugés indispensables en temps de siège !
Cultures vivrières
Après le démantèlement, Huningue est en ruine. L’administration militaire loue à la ville en 1816 les fossés et remparts de l’ancienne forteresse. Chaque famille peut ainsi cultiver un bout de terre pour échapper à la misère. Mais en ce temps de pénurie extrême, celui qui sème ou plante n’est pas toujours celui qui récolte !
12 / Parc de la pyramide
Fait d’arbres
La place forte, j’en ai suivi l’édification, l’amélioration et l’entretien dans le moindre détail, avec la même application que je déploie aujourd’hui à entretenir les arbres et en contrôler l’état phytosanitaire. Mes nouvelles campagnes me conduisent à chacun les ausculter, de la cime aux racines. Et hélas parfois à diagnostiquer l’irrémédiable pour l’un ou l’autre sujet, pourtant dans la force de l’âge.
Voir ainsi tomber l’un de mes compagnons, qu’il soit d’alignement ou grand solitaire, me fend toujours le cœur. Alors, plutôt qu’une médaille à titre posthume, je m’empresse de replanter une jeune pousse pour pérenniser l’âme arborée de notre cité.

Histoire
Les grands défenseurs de Huningue
1796, 1814 et 1815 : la place forte a été assiégée à trois reprises, successivement sous le commandement du général Abbatucci, du colonel Chancel et du général Barbanègre.
Abbatucci le brave
En juin 1796, le commandement de Huningue est confié au jeune général de brigade Jean Charles Abbatucci (1770-1796), déjà reconnu pour de brillants faits d’armes. Stratégique porte de France en Haute-Alsace, la place forte est vite assiégée par les Autrichiens. Le général et ses hommes résistent à des milliers d’assaillants. Tentant une sortie intrépide dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, c’est au corps à corps que se poursuit le sanglant combat. Mortellement blessé en défendant la tête de pont, le général Abbatucci s’éteint le 2 décembre à l’âge de 26 ans.
Un premier monument honorant la mémoire du général corse, originaire de Zicavo, est érigé en 1801. Détruit par les Bâlois en 1816, il est reconstruit en 1830. Implanté au centre de la place Abbatucci depuis 1904, il a été restauré en 2013.
Chancel le résistant
En décembre 1813, le colonel Jean-Hugues Chancel (1766-1834) refuse les avantages offerts par les Autrichiens s’il consent à leur livrer la place forte dont il est le commandant. Les troupes ennemies assiègent du coup Huningue qui leur tient tête durant trois mois.
C’est le moins connu mais le plus long et éprouvant des trois sièges endurés par la forteresse.
Barbanègre le héros
En 1815, la mission du général Joseph Barbanègre (1772-1830) est de défendre Huningue sans plier aux sommations de son adversaire l’archiduc Jean d’Autriche. La place forte manque alors de tout, de vivres autant que d’hommes. Pendant deux mois et avec seulement 135 hommes valides, il résiste aux assauts de l’armée ennemie forte de plus de 20 000 hommes et à ses bombardements destructeurs. Il ne capitule qu’après 12 jours de combat de tranchées et l’abdication de Napoléon Ier en obtenant tous les honneurs de la guerre.
La reddition de la cinquantaine de survivants héroïques, emmenée par le général Barbanègre, a été immortalisée vers 1892 par le peintre Édouard Detaille dont la toile originale est aujourd’hui visible au Sénat.
13 / Château d’eau
De source sûre
Au 19e siècle, le château d’eau témoigne d’une ère industrielle sans scrupule quant à l’usage de l’eau, consommée et polluée à tout-va. Des décennies plus tard, le bilan catastrophique réveille les consciences et confirme l’urgence à préserver cette ressource vitale !
J’ai fait mien le combat de sensibiliser chacun à la protéger, déjà par un autre savoir-faire au jardin : bannir nitrates et pesticides, préférer un bon paillage à l’abus d’arrosage ou récupérer l’eau pluviale épargnent par exemple la nappe phréatique.
Ces habitudes, parmi bien d’autres dans notre vie quotidienne, contribuent à la saine transmission d’un patrimoine commun qui se raréfie, mais essentiel à la survie des générations futures !

Histoire
Huningue, ville industrielle
En 1871, l’Alsace devient allemande. Huningue n’est dès lors plus ville frontière, avec pour conséquence le départ de la garnison, qui faisait vivre les commerçants. La population ne compte bientôt plus que de modestes ouvriers travaillant dans les usines bâloises ou en rive droite du Rhin.
Huningue va cependant connaître en quelques années un essor industriel fulgurant grâce des circonstances favorables, au premier rang desquelles avoir Bâle pour riche voisine. La présence de vastes friches laissées par le démantèlement, mais aussi à celle du canal, ou encore l’abondance d’eau qu’utilisent en quantité les manufactures, expliquent aussi ce développement.
Les industries ceinturent peu à peu la cité, qui libère à leur profit les espaces occupés par les derniers vestiges de la forteresse. Les pionnières sont pour la plupart des succursales d’enseignes suisses ; elles prennent ici leur quartier afin de pénétrer le marché allemand sans s’acquitter des droits de douane, très élevés, dont le Second Reich frappe les importations.
La soierie, l’horlogerie et les manufactures de tabac figurent alors parmi les principales activités.
Les conditions de vie progressent de façon spectaculaire : l’assainissement, l’éclairage public au gaz, puis dès 1908 à l’électricité, améliorent le quotidien des 3 000 Huninguois. Le tramway assure même une liaison directe vers Bâle, de 1910 à 1961.


Botanique
Lutte biologique
Encarsia, Aphidius ou encore Chrysopa… sont nos alliés au jardin pour lutter contre les envahisseurs !
Parfois à peine visibles à l’oeil nu, ces prédateurs de pucerons, aleurodes et autres parasites disposent néanmoins d’armes redoutables.
Ainsi la guêpe minuscule Encarsia pond sa descendance à l’intérieur même des larves de l’aleurode, sorte de mouche blanche suceuse de sève. Tandis que la larve du Chrysopa dévore jusqu’à 50 pucerons par jour !
Grâce à eux, pesticides et insecticides deviennent inutiles. Cette protection biologique, dite intégrée, permet de lutter de façon écologique contre les agressions parasitaires.

14 / Jardin des Pâtures

Cochon qui s’en dédit
Faciliter les conditions de vie des soldats et des plus humbles a toujours été ma quête, et aiguisé ma curiosité en bien des domaines. Ne le répétez pas : je me suis même intéressé à la « cochonnerie », jusqu’à calculer que la descendance d’une seule truie suffirait après douze générations à nourrir l’Europe entière !
Développer l’élevage des porcs me semblait d’ailleurs une bonne manière d’améliorer le sort des paysans, accablés d’impôts, endettés et mal nourris.
Pour un peu je passerais pour l’inventeur de l’élevage intensif, moi qui milite aujourd’hui pour l’agriculture paysanne, les circuits courts et apprécie en guise de protéines un bon plat de lentilles !
Le Jardin des Pâtures est un projet en cours. Prévu en 2018, cet aménagement paysager sera suivi de la restauration du vestige de l’une des demi-lunes du rempart de la place forte.
Histoire
Vestige d’une demi-lune
La demi-lune (ou ravelin) est l’un des ouvrages des fortifications, ainsi dénommée car à l’origine plutôt circulaire.
Elle constitue, avec la tenaille située derrière elle, les éléments classiquement appelés les dehors. Détachée du corps de la place forte, telle une île dans le fossé, elle alterne avec les bastions qui la surplombent pour croiser ses feux avec ceux-ci.
Ainsi isolée et non protégée sur l’arrière, sa prise ne constitue pas un avantage déterminant pour l’attaquant qui a toutes les difficultés pour s’y maintenir ou y positionner de l’artillerie.



Botanique
Nuances de vert
Encarsia, Ici une prairie fleurie plutôt qu’une pelouse, là quelques herbes folles dans le caniveau : la démarche environnementale assumée en matière de gestion des espaces verts et de la voirie donne parfois un petit air de campagne à notre ville, au grand bénéfice de la biodiversité et d’une meilleure qualité de vie.
Des chèvres et des moutons
Et plus encore dans le Jardin des Pâtures où chèvres et moutons remplacent avantageusement une solution mécanique ou chimique quand il s’agit de débroussailler !
15 / Jardin de l’hôpital
Le Jardin de l’hôpital est un projet en cours de réalisation. Cet aménagement paysager sera entrepris après la complète restauration de la Poudrière et des autres vestiges de la place forte à proximité. D’importants travaux de sauvegarde ont déjà été réalisés.
Une santé de fer
Comme dans chaque ville frontière ou place de guerre que j’ai fortifiées, Huningue bénéficie au 19e siècle d’un hôpital militaire, avec 118 lits, où médecins et chirurgiens prennent en charge les soldats malades ou blessés. Ils veillent aussi à la prévention des maladies contagieuses et des épidémies, qui font alors plus de victimes que les blessures de guerre.
Rudimentaires, les techniques opératoires y sont d’une rapidité extrême, entre autres pour limiter la douleur faute d’une vraie anesthésie. La pharmacopée est tout autant dérisoire : les contusions faites par un boulet se guérissent avec de l’eau-de-vie et de l’ammoniaque en friction ; de l’eau-de-vie encore et du vin sont le remède contre la diarrhée…
D’ingénieuses fortifications et une santé de fer représentent du coup pour un soldat la meilleure garantie de rester en vie !
Histoire
Organisation souterraine
La place forte de Huningue comptait 21 souterrains, conçus pour abriter jusqu’à 2 890 hommes du feu des canons.
Ces souterrains ont aussi vocation à stocker les munitions, le grain et autres vivres. Dans ce véritable réseau souterrain, chaque galerie a sa fonction. Certaines servent de dépôts de vin, d’eau-de-vie, de tabac, de lard… D’autres sont destinées en temps de siège à la cuisson et à la conservation du pain, quelques-unes étant même transformées en moulins actionnés à la force de chevaux. Trois galeries, parmi les mieux aérées, font par ailleurs office d’hôpital quand la guerre sévit.


Botanique
La médecine par les plantes
Avec ses plantes médicinales, le jardinet à l’arrière de « la Poudrière » rappelle que l’hôpital militaire n’était qu’à quelques pas.
Ses petits carrés mystérieux font l’objet de la plus grande attention, car les plantes aromatiques, sédatives ou curatives qui les composent ont d’incroyables pouvoirs. Thérapeutiques à bonne dose, certaines peuvent sinon être de redoutables poisons ! Disciple d’Hippocrate, Dioscoride (25 ap. J.-C.) référençait déjà 609 « drogues » d’origine végétale… Et le Jardin royal de plantes médicinales de Paris rassemblait 2 300 espèces au 17e siècle !
Un jardin vertueux
Le Jardin de l’hôpital fait plus modestement la part belle à la menthe, à la mélisse, au thym ou au romarin, aux multiples effets, aussi bien utilisés à l’état frais que sec.
La belle sauge Salvia officinalis y a également sa place, connue depuis des siècles pour ses propriétés stimulantes, qui en interdisaient jadis l’usage sur les stades de la Grèce antique. Diurétique, antispasmodique, cholérétique, antiseptique, vermifuge, la sauge jouit d’une réputation universelle qui en fait une véritable panacée !
16 / Jardin de la demi-lune
Le Jardin de la demi-lune est en projet. Il sera l’occasion de valoriser les derniers vestiges de la place forte.
Une vie en mouvement
D’une prise de ville ennemie à l’autre, et de frontière en frontière à bâtir de dissuasives fortifications, j’ai parcouru près de 180 000 km en cinquante ans. Une vie en mouvement. Tout le contraire de celle aujourd’hui apaisée dans mon rôle de jardinier attitré de Huningue ! Sans regrets : ces voyages m’ont nourri, enrichi et fait rencontrer tant de monde, de toutes conditions, élargissant mon regard à bien des égards. On me dit humaniste. Un grand mot. J’aime les gens, tout simplement !
D’une certaine façon, ce mouvement, je le cultive malgré tout. Au jardin, où il est perpétuel… Chaque jour je m’y émerveille de ces petits riens qui n’étaient pas hier, et qui m’incitent par endroits à laisser faire la nature pour qu’elle me surprenne un peu plus encore demain. Ainsi va ma vie, au rythme d’un jardin en mouvement.

Vestige d’une demi-lune
Sur les traces d’une demi-lune, dans son fossé pour partie comblé, ne croyons pas la partie gagnée pour l’assaillant : au pied du rempart, sous le feu croisé des défenseurs de la place forte, sa vie est en ligne de mire.

Histoire
Preneur de ville ou fortificateur, Vauban développe ses stratégies avec une constante détermination à économiser la vie des soldats du Roi.
Vauban le stratège
De sa participation à 48 sièges de villes ennemies, Vauban conçoit un système d’attaque imparable et en retire l’expérience pour bâtir (30) ou remanier (130) d’imprenables places fortes.
Vauban preneur de villes
Fin stratège en attaque, il développe des tranchées en zigzag, évitant les tirs en enfilade, et les combine avec des parallèles concentriques pour se rapprocher inexorablement des assiégés. Dans des relais bien protégés, des canons couvrent l’avancée des hommes et affaiblissent le rempart par des impacts répétés.
Vauban le fortificateur
Intraitable en défense, il améliore le principe des remparts enterrés, des glacis et des bastions afin que toute position en défende une autre, et que les tirs croisés éliminent tout angle mort où l’ennemi pourrait se cacher. Il multiplie au reste d’ingénieuses trouvailles pour rendre plus difficile encore la tâche des assaillants.
Arrivée
Prenons la vie côté Huningue !
Je n’ai jamais couru après les distinctions. Et c’est tant mieux, sans quoi le souffle m’aurait manqué avant d’être nommé maréchal de France par Louis XIV, à 70 ans !
Il en est une pourtant que j’arbore avec fierté – mes « quatre fleurs » – car elle symbolise le meilleur du label des « Villes et Villages Fleuris de France ».
Un label qui distingue bien plus que l’excellence du fleurissement ; il met en perspective la valorisation de nos singularités, le respect de l’environnement ou encore la préservation du lien social, incontournables quand il s’agit d’embellir la ville.
Mais nul besoin d’un label pour vous dire que moi, Vauban, votre fidèle jardinier, j’aime Huningue et son art subtil de privilégier la qualité de vie d’aujourd’hui en préparant aussi celle que nous léguerons demain. Alors oui, ensemble, prenons la vie côté Huningue !
Histoire
Mme Royale fait étape à Huningue
Alors que les pourparlers en vue de sa mise en liberté contre une quinzaine de prisonniers français ont abouti, la jeune princesse Marie-Thérèse Charlotte de France (1778-1851), dite Madame Royale, quitte Paris le 18 décembre 1795 dans la nuit.
L’infortunée orpheline de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et seule rescapée de la famille royale, passe les deux nuits de Noël à Huningue, à l’hostellerie du Corbeau (au 9 rue Abbatucci), dans l’attente des dernières formalités qui permettront l’échange à Riehen, près de Bâle. La légende raconte qu’à Huningue, une jeune femme fut en fait substituée à la princesse, laquelle vécut cachée sous l’identité d’une encore énigmatique « comtesse ténébreuse » de Hilburghausen.
Botanique
Villes et villages fleuris
Créé en 1959, le label des Villes et Villages Fleuris de France s’engage sur des enjeux d’amélioration du cadre de vie, de développement de l’économie locale, d’attractivité touristique, de respect de l’environnement… et surtout sur la place du végétal dans l’aménagement des espaces publics.


Petit commerce de proximité
La qualité de vie d’une petite ville, c’est aussi la vitalité de son commerce et de ses services. Soutenons-les en privilégiant cette offre de proximité !