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Rencontres avec les Huninguois[es]

Les périphéries de l’abbé Mathieu HAMMEL

Originaire de Muespach, l’abbé Mathieu HAMMEL a grandi à Wolschwiller. Enfant, du haut des reliefs de son Sundgau natal, Huningue n’évoquait pour lui rien d’autre qu’un quartier de Saint-Louis ou de Bâle. C’est à peu près avec cette impression qu’il devient en 2015 curé de la communauté de l’Eau vive.

Abbé Mathieu HAMMELFamilier d’une Alsace rurale qu’il affectionne, il concède volontiers ne pas avoir d’attrait particulier pour la vie citadine. Or, à la différence des paroisses de Rosenau et de Village-Neuf au sein desquelles il exercera aussi son ministère pendant six ans, celle de Huningue se trouve être au cœur même d’une dense agglomération urbaine.

L’abbé, qui depuis cet été a pris la charge pastorale de la communauté de paroisses du Haut-Florival, n’en apprécie pas moins Huningue qu’il perçoit maintenant comme une ville à part entière, avec pour trait remarquable « son vivre ensemble ». Il évoque à cet égard « tout ce qui y est fait d’un côté comme de l’autre de la ville, avec justesse entre quartiers ». Des quartiers qu’il a vite appris à connaître, déjà parce qu’il n’est pas homme à rester dans l’entre-soi, ensuite pour s’être sans cesse attaché à aller aux périphéries comme le prône le pape François ; les périphéries géographiques comme celles de l’existence.

Vivre ensemble à Huningue

« Sitôt mes valises posées à Huningue, je me souviens d’une belle rencontre avec les habitants du quartier Tivoli à laquelle me conviaient Clarisse GUERNÉ et Nébil BOURAHLI. Ces temps d’échange, entre autres avec des musulmans, sont d’autant plus riches qu’ils se font avec une oreille qui écoute et un cœur qui aime ». Le multiculturalisme de notre commune représente d’ailleurs à ses yeux bien plus une opportunité qu’une difficulté. Sur le plan des religions, il garde aussi en mémoire de belles rencontres œcuméniques, ou bien celles avec ses homologues bâlois et badois et encore « d’autres regards, d’autres façons d’aborder la pastorale, notamment un intéressant travail avec les laïcs ».

Au reste les périphéries géographiques à Huningue ne sont jamais lointaines, parfois même à deux pas du presbytère ! Ainsi le café de l’église dont il a quelques fois poussé la porte. « Je faisais déjà la fermeture d’un bar sur le coup de minuit quand j’étais à Brumath. La première réaction de la clientèle est toujours de se demander ce qu’il vient faire ici ce curé en col romain ? Puis comme chez Mira, le dialogue s’établit toujours, dans toute sa diversité, parfois avec des personnages pittoresques, certains cabossés par la vie. J’étais dans mon rôle à accueillir, donner la parole, écouter sans jamais poser un regard de jugement. Des rencontres là encore tellement enrichissantes avec tous ces gens qui habitent mon quotidien ».

Ces rencontres démontrent aussi que les périphéries de l’existence, quoique souvent silencieuses, sont tout aussi proches. L’Église se faisant avec les plus démunis, Mathieu HAMMEL n’oublie rien de l’investissement de la société Saint-Vincent-de-Paul, « un maillon essentiel de l’action sociale à Huningue ». Ni d’une solidarité galvanisée à l’épreuve de l’épidémie. Accoutumé aux nouvelles technologies de communication, il est convaincu que « ce sont les réseaux sociaux qui nous ont grandement aidés à surmonter le confinement. Célébrer une messe Facebook seul dans une église vide est au début déroutant, mais cette ouverture jusqu’à 400 fidèles de tous pays reste une expérience forte… Une idée toute simple vite mise en œuvre par une petite équipe de quatre personnes » ! Le pire était cependant pour le curé de ne plus être autant sur le terrain. « Une période cruelle pour des familles en souffrance qu’on ne peut accompagner qu’une vingtaine de minutes au cimetière. Tout a été fait malgré tout avec quelques-uns pour assurer une continuité spirituelle et humaine pendant et après ces confinements, en particulier auprès de nos aînés et des malades. »

« Nous ne sommes pas Dieu »

Au service des 6 000 âmes que comptent les sept clochers de sa nouvelle cure, l’abbé Mathieu HAMMEL s’affaire depuis son presbytère de Buhl à organiser smartphone en main ses prochains déplacements. De la vallée de la Lauch à l’abbaye de Murbach, il aimerait voir tout le monde. Solidarité, catéchèse, famille… Son équipe d’animation pastorale comme d’autres l’aideront. « De mon noviciat à Huningue, je retiens le bonheur de ce travail collégial, la richesse de ces liens sociaux qui chaque jour permettent de porter ensemble, de s’entraider ».

Évidemment le rapport Sauvé a marqué, ici comme ailleurs. « Et ces turbulences dans l’Église ne tolèrent aucune œillère ». Alors plus que jamais Mathieu HAMMEL n’oublie pas que les prêtres restent des hommes. « Le vieillard qui du bas du village arrivait à petits pas très tôt hier à l’église me disait tout de notre humilité. Nous devons être universels, avec un regard de rencontre, de partage et d’amour de Jésus-Christ. Et avant tout d’humbles serviteurs, sans aucun pouvoir : nous ne sommes pas Dieu ».

Dans le Florival au pied du massif vosgien, l’abbé Mathieu HAMMEL renoue sans déplaisir avec ses racines rurales. Sa vision de l’agglomération bâloise n’est toutefois plus la même, avec une image forte souvent partagée avec le maire Jean-Marc DEICHTMANN : « le Rhin à Huningue n’est plus une frontière mais un passage entre les uns et les autres ». Et d’adresser « mille mercis aux mille visages » qui de part et d’autre du fleuve l’ont fait grandir dans son ministère.

Le café qui vient de couler lui rappelle s’il le fallait que, pour le chocolat suisse aussi, cette dimension transfrontalière n’a décidément que du bon !

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