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Rencontres avec les Huninguois[es]

QAM ou le rêve américain

QAM – acronyme de Quentin, Albert et Medhi – est le rêve d’une nouvelle vie pour le New-York Café. Celui pour ces trois amis de redonner à l’endroit l’âme perdue qui le distinguait de tant d’autres. Si les obstacles en travers de leur route n’ont eu raison depuis mars ni de leur courage ni de leur détermination, ils érodent inexorablement les perspectives de prospérité.

Inséparables depuis le collège, Quentin JACQUINOT, Albert ZHUSHI et Mehdi BOUAINE ont le New-York café à fleur de peau pour l’avoir fréquenté, d’abord entre potes du lycée, et encore après même alors que chacun s’est engagé dans sa vie professionnelle. Lieu de rendez-vous immuable, le New York les attirait aussi par son totem, Richie. Le taulier tenait l’établissement avec une poigne de fer autant qu’il savait guider dans un gant de velours une clientèle en quête de ses conseils avisés.

Grâce à ces liens presque paternels, ils apprennent tôt la liquidation judiciaire de l’ex New-York Café, rendue inéluctable après une tentative de reprise calamiteuse. La proposition des trois associés, déposée en novembre 2019, convainc trois mois plus tard le mandataire de leur céder le fonds de commerce. Quand en février ils ont enfin les clés des murs, le projet est sur le papier déjà bien ficelé. Mais le déblai du capharnaüm laissé par le précédent repreneur les expose à une crue réalité : « nous allions de surprise en surprise, jamais bonne, car tout avait été refait de façon à dissimuler ce qui gagnait à l’être, en dépit des règles élémentaires de sécurité » se souviennent encore agacés Quentin et Mehdi.

Le coup d’arrêt du confinement

Les innombrables navettes jusqu’à la déchetterie sont en passe de s’achever quand est décrété le confinement. Ce coup d’arrêt empêche de prendre à bras-le-corps les travaux imprévus, peut-être soumis à une déclaration préalable, et en tout cas de s’entourer d’un homme de l’art pour mettre en conformité des installations en piteux état. « On ne peut alors que prendre notre mal en patience » concèdent les jeunes entrepreneurs qui tentent malgré tout d’avancer, notamment dans des démarches administratives « franchement pas évidentes ».

Ce temps de confinement, c’est cependant de l’argent qui s’envole. Celui des loyers et autres charges fixes, toujours exigés sans la moindre concession. Celui aussi des recettes d’un début d’exploitation dont ils ne maîtrisent plus l’échéance. Celui enfin d’aides aux entreprises en difficulté aux quelles ils ne peuvent pas prétendre, faute justement d’être en activité…

Un horizon obstinément encombré

D’aucuns auraient fui une situation semblant inextricable. Quentin, Albert et Medhi eux surmontent unis ces déboires et décuplent au contraire leurs efforts quand ils retrouvent en mai les coudées franches pour entreprendre les travaux. « Nous avons pensé l’aménagement des lieux au plus simple, avant tout hyperfonctionnel et surtout aux normes » démontrent-ils lors d’un tour des propriétaires laissant deviner des heures à rallonge de réflexion et de travail pour mener à bien le projet.

L’ouverture du QAM maintenant presse. « On a prévu d’être l’un ou l’autre derrière le bar 7j/7 de 17h30 à la fermeture, mais chacun gardera aussi longtemps que nécessaire son boulot ; Mehdi dans l’informatique, Albert dans le transport et moi comme professeur de danse. Il y aura un baby-foot, des jeux de fléchettes… Et on programmera des soirées à thèmes ou des concerts, la régie est déjà en place. » Quentin pourtant ne s’emballe pas, sachant l’horizon obstinément encombré. « Le permis l’exploitation de la licence IV ne nous a pas encore été délivré faute d’un avis de conformité des locaux. C’est en cours mais ça prend du temps : imaginez qu’on a même été obligés d’en redessiner les plans que personne ne pouvait nous fournir ! »

Une simple péripétie peut-être au regard d’autres nuages autrement plus menaçants. Le retard et les imprévus ont rogné la trésorerie jusqu’au fonds de roulement qui devait permettre de couvrir les dépenses courantes sans recourir à un nouvel emprunt. Et la seule perspective après le renforcement des mesures de lutte contre l’épidémie est celle d’une dégradation inévitable des comptes…

Vite prendre des décisions

« Nous restons plus que jamais motivés à ne pas laisser mourir cet endroit mais rencontrons aujourd’hui beaucoup trop d’incertitudes ; il va nous falloir très vite prendre des décisions » s’accordent résignés Quentin et Mehdi. Ils attendront de se concerter avec Albert, encore sur la route.

Sapé par les épreuves, le rêve américain des trois amis pourrait bien faire long feu. Les lendemains seraient alors éprouvants. Mais que le QAM prenne un jour ou non son envol, Quentin, Albert et Mehdi partagent une même certitude : l’esprit d’amitié et de solidarité qui les unit n’en pâtira pas. Une foi à forcer le destin ?

 

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