Place Abbatucci
Auprès de mon arbre
« Tilleuls : garde à vous ! » Là, c’est le maréchal qui parle. Celui pour qui une place d’armes a vocation à recevoir des soldats, rien que des soldats. Pas des arbres. Mais la garnison n’est plus. La parole est donc à Vauban le jardinier : feu la place d’armes et place aux arbres !
Grâce à l’élégante rénovation de 2013, la place Abbatucci est ainsi couronnée d’une nouvelle génération de tilleuls, fidèle à son image depuis le départ de la garnison au 19e siècle. Clin d’oeil à l’Histoire, c’est en Allemagne que j’ai choisi ces tilleuls Tilia cordata ‘Rancho’, une variété à floraison estivale adaptée à un environnement urbain. Et s’ils nous commandent de marquer le pas, ce n’est que pour mieux profiter de l’ombrage et pourquoi pas s’asseoir sur un banc à imaginer ce qu’était ici une revue militaire. Repos !
Sébastien le Prestre marquis de Vauban
Maréchal de France, Sébastien Le Prestre marquis de Vauban (1633-1707), dit Vauban, est célèbre pour ses talents d’architecte et d’ingénieur militaire, d’urbaniste ou encore d’hydraulicien. Moins pour ses qualités humaines qui cependant n’échappent pas à Voltaire, lequel l’apprécie aussi comme étant « le meilleur des citoyens, le seul peut-être qui aimât l’État mieux que lui-même. »
« J’aimerais mieux avoir conservé cent soldats à votre majesté
que d’en avoir ôté mille à l’ennemi » Vauban à Louis XIV
Huningue, modèle d’ingénierie militaire
Alerté des mouvements pressants de troupes ennemies dans la région bâloise, Louis XIVordonne en 1679 de construire une enceinte défensive à Huningue afin de protéger la France de l’envahisseur. Le projet est confié à Vauban, qui conçoit une fortification en forme de pentagone – avec cinq bastions et une tête de pont sur le Rhin – permettant de recevoir une garnison de 3.500 hommes.
Lancé en 1679 sous la direction de l’ingénieur Launois, le chantier est marqué par la visite du Roi en 1681 et s’achève déjà dans ses grandes lignes l’année suivante !
Vauban affirme alors que « la place forte de Huningue est à peu de chose près une des plus parfaites du royaume (…) et estime que sa garnison succombera plutôt par les fatigues de sa défense que par le défaut de sa fortification. »
De fait, malgré trois sièges en 1796, 1814 et 1815, jamais ses fortifications ne seront prises en défaut jusqu’à leur démantèlement.