Gaby et Roland GASS : la fine fleur des concours
« De la variété avant toutes choses et de la verdure. Surtout ne pas oublier la verdure ! » vous disent les artistes des « Maisons fleuries ».
Passerelle[s] vous fait une « fleur » aujourd’hui et vous dit tout de ce que vous avez toujours voulu savoir et sans doute jamais osé demander à Gaby. Tout de son art pour faire une maison superbement fleurie et gagner le cœur des jurys à tous les concours.
Quatre ans de suite que Gaby Gass cueille le premier prix des « maisons fleuries » à Huningue. Au point d’une certaine gêne chez l’intéressée qui pourrait redouter quelques jalousies. « Je ne voulais plus participer l’an dernier. C’est mon mari qui m’a inscrite en cachette. » Et Gaby, qui souhaiterait qu’on la range désormais hors concours, va devoir se faire une raison. L’époux, Roland, a remis ça cette année.
Alors, « bataille » de fleurs perdue pour les autres ? Enfin, comment ravir les lauriers à Gaby Gass ?
Gaby-les-mains-vertes…
Pas plus attachée que ça au podium (« ce fleurissement, on le fait d’abord pour nous »), la championne en titre donne elle-même les atouts pour se faire battre. « On a tendance à mettre des fleurs et des fleurs et à en rajouter encore. Moi, je cherche à aérer tout ça en mettant beaucoup de verdure. Et du vert dans toutes les nuances. »
Quant aux fleurs, il n’y a pas de plantes miracles. La réussite est dans la diversité. « J’aime bien les mélanges : des roses, des fuchsias bleus, blancs… Sur l’arrière de la maison, il y a beaucoup d’ombre ; alors des hortensias, des impatiences… Et je cherche par la variété des espèces à obtenir des variations de couleurs tout au long de l’année. »
Gaby connaît le langage des fleurs qui lui parlent pour des mariages harmonieux. Elle quête aussi ces noces heureuses de couleurs radieuses dans les parcs et jardins parcourus tout au long de l’année : celui de la fondation Merian à Bâle par exemple mais aussi le jardin de Berchigranges dans les Vosges qui rejoue chaque année la renaissance printanière couleur jonquilles, celui d’Ettenbühl en juin où les rosiers s’enlacent sans façon dans les cerisiers, ou encore ceux de Kerdalo à Trédarzec en Bretagne où se décline l’art et la manière du jardin japonais… Autant de vagabondages fleuris vécus depuis des décennies avec Roland.
… et Roland-la-récup.
Car l’époux n’est jamais loin derrière ses massifs. Et s’il a plutôt les pieds dans les carottes, les salades, le persil, la sauge et le romarin comme roi autoproclamé du potager, à lui aussi le travail d’acrobate, de force et la logistique : l’élagage du cerisier du haut de ses 74 ans bien accrochés à l’échelle, le binage et l’équipement des quelque 8 ares de jardin. Avec une consigne : économiser l’énergie et d’abord sa propre énergie. Paraîtrait qu’on se fait vieux au 16 de la rue Berlioz… Alors il y a déjà, courant dans les massifs, cet arrosage automatique réglé par horloge pour un goutte à goutte qui biberonne les fleurs. Et, dans le même souci anti gaspi, trois fûts de 200 litres récupérant les eaux de pluie (et faisant glouglouter aussi un biotope) et deux composteurs recyclant les déchets de la cuisine. À l’actif de Roland-la-bricole toujours, quatre nichoirs font du jardin extraordinaire le paradis des oiseaux, et un abri « tout en bois de récupération » construit façon guérite des douanes cache sous ses pieds une… galerie dortoir pour hérissons.
Ainsi lotie, la vie pourrait se suffire, tranquille. N’allez pas croire pour autant que Gaby et Roland y vivent comme sous une serre. Ils vivent leur ville, sont sensibles à ses mutations, ont leur avis sur ce qui s’y passe. Ainsi ils ont senti dans leur chair la coupe des arbres rue de Michelfelden et suivent avec intérêt la nouvelle orientation du fleurissement de la cité, tournée plus écolo, louable certes avec « moins d’astreintes, plus de nature, mais pas facile. »
La maison Gass gagnera-t-elle encore le concours cette année ?
On donnera le Nobel de la « Bonne entente », en tout cas, à Gaby, la Ludovicienne d’origine et Roland « le natif de l’Office » comme il dit, « né dans le logement de mes grands-parents », qui apportent la preuve que Saint-Louis et Huningue peuvent… se conter fleurette.
Jean-Louis Mossière