Jean RAPP : travailler avec les élus, un privilège
Membre de l’Adauhr, le Huninguois Jean RAPP accompagne les élus dans leurs projets d’aménagement de la cité. « On forme une équipe ; on leur donne tout le champ des possibles. Et ils décident ».
Gamin déjà il s’amusait, avec des cubes en bois et des Lego®, à monter des constructions.
Et peut-être déjà parmi elles, un carré de maisons ceinturant un espace vierge… Oui ! Qui sait si, bricoleur à 9 ans dans l’anonymat de l’atelier de son père François, et suivant alors ses propres règles d’urbanisme, il n’aménageait pas sa place… Abbatucci. Qui sait, à le voir si heureux et à son affaire aujourd’hui, à 38 ans, dans ses missions d’accompagnement des élus dans leurs « jeux » d’adultes de modelage ou remodelage de la cité ?
Directeur du pôle « Organisation et traitement de l’information » à l’Adauhr, le Huninguois Jean Rapp affirme faire « l’un des plus beaux métiers du monde ».
Le plus beau métier à l’Agence départementale d’aménagement et d’urbanisme du Haut-Rhin, cet outil si sérieux (et si sollicité) du Conseil général ?
«Oui ! On est une sorte d’interface entre la réflexion et la concrétisation sur le terrain. Et peu de métiers offrent ce privilège d’associer ainsi tout le travail en amont (diagnostic, inventaire des besoins, étude des possibilités en fonction des moyens financiers, élaboration du cahier des charges incluant les orientations fortes données par les élus pour le concours d’architecture) puis, en aval, le suivi des réalisations. »
Et pourtant, avec un papa directeur d’école (à Saint-Louis Neuweg), un arrière grand-père enseignant et deux sœurs professeurs de lettres, Jean Rapp aurait très bien pu tomber, lui aussi, dans la marmite de l’Éducation nationale.
« Ne pas se substituer aux décideurs »
« Une belle-sœur m’a fait découvrir l’urbanisme. Et puis il y a eu des opportunités : un stage pratique dans le cadre de mon DESS à l’Adauhr qui s’occupait à l’époque du domaine transfrontalier, la chance ensuite, comme étudiant, de rédiger la réponse à un appel d’offres de la Conférence du Rhin Supérieur pour une étude portant sur « le cadre d’orientation de la région du fossé rhénan ». L’Adauhr a été retenue et moi, j’ai eu mon premier contrat. »
Reste que de sa famille enseignante, une vertu au moins est à cultiver : la pédagogie.
« C’est vrai ! C’est 75 % de notre métier. Le projet peut être génial mais s’il n’y a pas l’explication… Je dis explication et pas persuasion. Car nous ne devons jamais nous substituer aux décideurs. Nous sommes là seulement pour les aider dans leur choix. Avec humilité ; nous n’avons pas la science infuse. Et puis, les techniciens que nous sommes ne vivent généralement pas dans le cadre sur lequel ils travaillent. Nous n’avons pas à imposer à la population des décisions qui peuvent être douloureuses du fait de la modification de l’image de la cité qu’elles imposent. »
« La chance de vivre une période de rupture »
Et Jean Rapp de tirer son chapeau à « l’élu qui assume là une mission importante que les gens qui critiquent ne voudraient pas endosser ». En précisant ce qu’est un « bon » élu : « un décideur qui n’a pas de préjugés par rapport au projet qu’il envisage ; qui souhaite des éclaircissements, un catalogue de solutions, des réponses techniques et juridiques… Ainsi, pour l’aménagement de l’Espace Abbatucci, nous avons mis à disposition tout le champ des possibles cohérents avec ce qu’il a décidé. Après, on s’efface. Ce n’est pas notre rôle de donner un avis. »
Mais celui de s’impliquer quand même fortement. Et de vivre de grands moments !
« J’ai en charge actuellement la réalisation de quartiers innovants -économes d’espace, d’énergies et bâtis de matériaux pérennes- lancés par le Conseil général sur ses communes sélectionnées. C’est passionnant ! Nous avons la chance de vivre une période de rupture. Songez que pendant près d’un demi-siècle nous avons pensé d’une manière stéréotypée l’expansion urbaine. Et aujourd’hui, élus et population se reconnaissent à travers d’autres solutions. »
Jean Rapp se dit « privilégié » d’être au contact des élus. « Pendant tout le travail, on forme une équipe. Et travailler pour une commune, c’est sept fois sur dix pour des projets structurants et parfois déterminants pour la dynamique communale. Rarement des projets fades. Et ça, oui ! C’est un privilège ! »
Jean-Louis Mossière