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Rencontres avec les Huninguois[es]

Le commandant Bertrand MUESSER

Le patron de la police nationale partage les missions avec nos policiers municipaux.  » Des interlocuteurs nécessaires pour la recherche de solutions d’apaisement. « 
De mon temps, on disait commissaire.

Aujourd’hui, c’est commandant fonctionnel. C’est autrement ronflant ! Les initiés rajouteront  » chef de la circonscription de sécurité publique de Saint-Louis-Huningue « . Ca peut impressionner. Mais au premier contact, on se rassure en constatant que Bertrand MUESSER, dans son bureau, travaille face à Ferré, Brel et Brassens, les trois sur fond de canettes et de tabagie. Brassens ? ! ? L’anar qui chantait  » Mort aux vaches !  »

Ce n’est qu’une photo, d’accord, mais la preuve quand même, qu’outre les « prunes » ( PV) et autres rapports officiels, Bertrand MUESSER verse aussi dans la poésie et les belles lettres.

Et on se sent vraiment… libéré quand l’homme aux quatre barrettes sur les épaules nous parle philosophie (Nietzsche et tous les autres) et des bonheurs simples mais vrais de la vie .

 » Ah, le plaisir, lâche-t-il, d’une balade en forêt en quête de champignons pour la promesse à suivre d’une bonne poêlée arrosée d’un bon vin.  »

Se saouler de bons mots sur le vin dans un commissariat !

C’est que notre commandant fonctionnel est fin œnologue, membre de la Fédération culturelle des vins de France : une affiliation d’origine contrôlée qui lui a valu le bonheur d’apprécier deux fois dans sa vie un Château Haut-Brion.

 » Un luxe, reconnaît-il. Sinon, mon vin préféré c’est le Château Haut-Marbuzet, le Saint-Estèphe le plus sensuel, le plus sexy  » pour lequel il affiche un penchant de plus d’un quart de siècle. C’est beau la fidélité. Et de nous montrer le livre  » Autour d’une bonne bouteille  » dédicacé par Henri Duboscq, l’heureux propriétaire justement de ce vignoble qui émoustillerait tant les sens.

Le tout dit et bu avec modération, évidemment :  » un verre de Graves peut me tenir une heure et demie.  »

Plus de temps que nécessaire pour questionner l’homme et le métier.

 » La barbarie, les viols d’enfants… « 
Le patron de la police nationale (marié et père de deux enfants) est Alsacien. Originaire de Bourbach-le-Haut et membre d’une fratrie de 5 enfants.

Fac de droit et Sciences Po à Strasbourg, puis l’école d’inspecteur à Cannes-Écluse dans la Seine-et-Marne …

 » J’ai toujours rêvé de faire des enquêtes criminelles.  » L’influence peut-être de Maigret, à la télé. Peut-être…

Brigade des flagrants délits (son premier poste en 1983) puis brigade des mœurs suivie de la brigade criminelle et enfin de la brigade des mineurs, à Mulhouse toujours, Bertrand MUESSER aura eu 25 ans d’investigations pour réaliser son rêve et vivre les… cauchemars :  » une défenestration et un meurtre au couteau sur le chantier du Rex, des affaires de viols, des centaines de femmes entendues sur ces traumatismes dont on ne se remet pas…  »

Quant à la brigade des mineurs, comme adjoint au chef …

 » Un poste rejoint contre mon gré et que je pensais quitter au bout d’un an. J’y suis finalement resté 13 ans et j’y ai passé les années les plus marquantes. On touche là l’horreur ordinaire, la barbarie, les viols d’enfants.  »

Après toutes ces enquêtes, il est nommé chef adjoint du Service sécurité et proximité de Mulhouse, une unité forte de 200 personnes.

 » J’ai appris là le nouveau métier de commandant. Et, bien qu’éloigné du travail d’investigation, j’y ai pris du plaisir. On s’occupe de proximité, on prend la mesure de ce qu’est vraiment police secours : régler les petits tracas du quotidien, les tapages, les incivilités diverses, les violences familiales… J’ai organisé des réunions de quartiers pour permettre aux gens d’exposer leurs problèmes. »

Une pratique reprise naturellement à Huningue.

 » On est vraiment complémentaires  »
Depuis le 2 février 2011, Bertrand MUESSER commande donc le commissariat de Saint-Louis.  » Un effectif fort de 60 personnes, dont 3 officiers et 4 administratifs, qui permet de travailler normalement.  »

Et avec la police municipale ?

 » Je suis un fervent partisan des polices municipales car pour la présence d’une police de proximité, ce qu’elles sont par essence. Un peu comme les ilotiers d’il y a quelques années  »

Et donc pas d’interférences ?

 » On est vraiment complémentaires »

Pour l’identification d’un ilot de troubles, de foyers de délinquants relationnels : des différends qui doivent être pris en compte immédiatement. Mais ensuite, sur le terrain, il est bon que l’on puisse en parler, pour rechercher l’apaisement.

Ainsi quand une de mes patrouilles intervient la nuit pour un conflit de voisinage, il est bon que le lendemain on en recherche la cause afin que cela ne se reproduise plus. Il y a là délégation de missions, car ce travail de proximité, on n’a pas toujours le temps de le faire. Et la police nationale est plutôt perçue comme une police répressive. Notre activité principale est bien l’interception des auteurs de délits. La présence d’un autre interlocuteur est nécessaire et efficace.  »

 » Le plus beau métier du monde « 
Bertrand MUESSER va aussi à la rencontre de la jeunesse qui, par nature, aime souvent provoquer, histoire de voir jusqu’où on peut aller trop loin.

 » Je leur parle de la vie en société, leur explique nos missions, leur dit qu’on est là pour gérer les conflits. Il faut aussi savoir écouter les questions que se posent les gens en général sur la police, privilégier les contacts.  »

Et à écouter Bertrand MUESSER, les Huninguois seraient des… privilégiés.

 » Il y a des affaires pour lesquelles on ne bougerait pas à Mulhouse. Ici, on peut encore intervenir sur tout : des broutilles qui ont généré des troubles et leur trouver des solutions qui ne passent pas forcément par une procédure judiciaire. Ce n’est pas possible dans une grande ville.  »

Alors des Huninguois gâtés ? Comme… le commandant ?

 » Cette circonscription de Saint-Louis – Huningue, je la voulais vraiment. Pour son côté frontalier, ses échanges et brassages de cultures différentes. Je l’ai demandée deux fois avant de l’obtenir. »

Et d’ajouter, fort de l’expérience d’une carrière de 33 ans :  » la police, c’est le plus beau métier du monde. On est des gardiens de la paix « . Et si on débouchait un Château Haut-Marbuzet pour arroser ça ?

Jean-Louis Mossière

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