L’histoire et la plume de Paul-Bernard MUNCH

Quel dénominateur commun entre la Société d’Histoire du Sundgau, celle de la Hochkirch à Sierentz et la Société d’Histoire de Huningue, Village-Neuf et de la région frontalière ? Le passé de notre Alsace du sud, évidemment, mais aussi un passionné émérite : Paul-Bernard MUNCH.
Car si l’homme jamais ne s’impose, l’historien en revanche en impose. Ressource inévitable pour ces sociétés dont il est une cheville ouvrière, il partage avec ses membres le fruit de ses perpétuelles recherches. Paul-Bernard il est vrai à de qui tenir, car chez les MUNCH de Sierentz, l’Histoire est une affaire de famille. « Claude, mon père, historien et collectionneur de toujours, m’entraînait tout gamin sur les marchés aux puces en quête de monnaies anciennes et autres trouvailles. Le jour de mes 15 ans, je lui ai emboîté le pas dans la Société d’Histoire de la Hochkirch qu’il a contribué à fonder et que je préside maintenant » se souvient-il, sans oublier que leur complicité passe aussi par un premier ouvrage de mémoire sur le Pays de Sierentz qu’ils ont cosigné en 1989.
L’attachement de Paul-Bernard à Sierentz est à l’image de cette connivence, immuable. Il concède volontiers s’être pourtant épris de Huningue, aujourd’hui son autre « commune de cœur ». Si notre cité et ses riches heures ont pour lui toujours été source d’intérêt, il dit toutefois fortuite son accession à la présidence de sa société d’Histoire. « Lors d’une visite du musée en 1989, Georges Baud alors président, trouvant mes questions pertinentes, m’a proposé de publier dans le bulletin un article sur la région frontalière, et quelques mois plus tard de rejoindre le comité au sein duquel j’ai succédé en 1994 à la vice-présidence au défunt baron de Reinach. Georges m’a passé la main dix ans plus tard après m’avoir expliqué ne pas avoir meilleur choix dans l’intérêt de l’association ! Il était entre-temps devenu mon grand-père en Histoire. »
« Huningue, mon autre commune de cœur »
Mais à Huningue, devenir président de la Société impliquait aussi d’être conservateur du musée historique et militaire dans la mesure où la Ville, qui est propriétaire des murs et des collections, en a confié la gestion à l’association. « Au départ de Georges, la simple nomination d’un conservateur en assemblée générale n’a plus suffit à la Direction régionale des affaires culturelles. Il a du coup fallu que j’obtienne la qualification auprès du ministère de la Culture ; elle nous permet depuis de revendiquer l’appellation Musée de France » raconte Paul-Bernard, qui comprend vite que cet agrément lui en fait prendre pour « perpette » à Huningue ! La charge de fait l’engage : elle exige de rendre des comptes à l’État sur la gestion scientifique des collections et leur recollement.
Indépendante, la Société peut néanmoins compter sur la Ville quand de belles opportunités d’enrichir le musée se présentent. « La municipalité nous a par exemple immédiatement suivis pour l’acquisition du tableau d’Édouard Detaille représentant la reddition de Barbanègre en 1815. Il en va de même pour d’autres grosses pièces de la collection ». Au quotidien, l’association gère dans les limites de ses modestes moyens. Paul-Bernard confesse que sinon les projets ne manqueraient pas. « Nous aurions matière à organiser des expositions temporaires en accueillant des collections itinérantes, pourrions aussi retravailler notre muséographie, avec des audioguides et des contenus vidéos entre autres adaptés aux jeunes visiteurs. » Jusqu’à imaginer un musée idéal allant du rez-de-chaussée au grenier, avec un circuit d’interprétation débutant dès la porte cochère…
Un auteur et coauteur prolifique
Présider la Société d’Histoire de Huningue, c’est enfin diriger la publication régulière de bulletins encyclopédiques nourris par de nombreux contributeurs, à la manière de Georges Baud ou précédemment de Lucien Kiechel. Ce dernier a d’ailleurs signé en 1975 un livre sur l’Histoire de Huningue, comme avant lui Karl Tschamber en 1894. Depuis cinquante ans, la ville et la vie des Huninguois ont évolué. Correspondant de presse à l’âge de 17 ans et auteur ou coauteur prolifique d’une quarantaine d’ouvrages historiques, Paul-Bernard MUNCH saurait sans conteste reconstituer et analyser ces dernières décennies si fécondes. « Il est vrai que ces ouvrages de référence ignorent les mutations depuis les années 80. J’apprécie de plus en plus la co-écriture ; les circonstances se présenteront qui sait un jour. » Toujours avec envie et curiosité mais sans compromission, les sujets susceptibles d’assouvir sa passion de l’écriture ne lui font en effet jamais défaut.
Depuis plus de 40 ans, Paul-Bernard est ainsi membre émérite de plusieurs sociétés d’Histoire, mais aussi conservateur de musée, écrivain, correspondant de presse, professeur d’histoire-géographie au lycée Mermoz de Saint-Louis, et depuis une bonne décennie assistant parlementaire, « une fonction qui me permet notamment de faire visiter Paris au cœur de ses institutions » ! L’Histoire chevillée à l’esprit, il noircit de la sorte sa page d’une rare fidélité, attentif à cultiver la confiance accordée. Tel le général Barbanègre, fidèle indéfectible à Napoléon Ier ? C’est là une toute autre histoire…